Cueillette des olives à la Bastide du Laval
Carine et Roland Coupat nous invitent à cueillir les olives, une occasion de voir de plus près ces « aglandau » qui, une fois pressées, font le bonheur de nos assiettes… On arrive avec toute la petite famille parce que ça fait des bras en plus.
Contrairement aux vendanges où on se sert d’un sécateur et là, pour le bout de chou de 3 ans, ça devient risqué, Roland nous met dans les pattes un râteau en plastique type « château de sable à la plage » et ça, c’est à la portée de tout le monde.
Les filets sont étendus par terre, tenus par des pinces pour que les olives ne puissent pas s’échapper par une faille entre deux filets. Et là, il suffit de ratisser et de faire tomber.. Trop fastoche… En plus c’est à hauteur d’homme, on ne se baisse presque pas..
Certains vous diront que c’est extrêmement physique mais en vrai, c’est pour mieux mériter la brouillade aux truffes que nous prépare Roland sur le barbecue. Par contre, même si nous sommes une vingtaine d’amis réunis, il faut s’y remettre vite et mettre un bon coup de rein,
d’une part parce que le tracteur est tombé en panne et qu’il a fallu que Roland le répare vite fait entre 2 filets, et d’autre part parce que les éléments n’ont pas été sympas cette année : la pluie a non seulement entraîné un début de brunissement (dès que certaines olives, pleines d’humidité, ont commencé à devenir marron, il a fallu cueillir immédiatement…) Et au début de la semaine, il pleuvait des cordes… Mais pour que la qualité soit là, on ne lésine pas chez les Coupat.
Quand c’est le moment de cueillir, on cueille… Quitte à se tremper… Les olives étaient juste « tournantes », bien vertes, avec pour certaines une légère teinte violacée qui débutait sur un côté, c’était le moment. D’autres amis ont eu des soucis de mouche, qui ont pu piquer les olives dans une période assez douce. Il fallait donc être vigilant pour préserver une récolte parfaite.
Une fois les fruits tombés, on tire les filets jusqu’au bout de la ligne, on renverse les cagettes et on les remplit de brassées d’olives vertes et brillantes. Chaque cagette pèse 15 kg, je ne les porte pas toute seule à la remorque… Pas question de laisser macérer les olives dans leurs cagettes : nous les portons immédiatement au moulin de Cucuron pour les « triturer ». Chaque minute compte. Il doit y avoir peut-être une trentaine de cagettes entre la remorque et le coffre ouvert.. Arrivés au moulin, nous versons les cagettes dans un gros bac et hop, à la pesée. Chaque bac est étiqueté « Coupat » parce qu’on ne mélange pas les olives, chacun garde sa production. On jette un œil aux bacs des voisins, les variétés différentes, les petites violettes, les grosses vertes, celles qui ont eu la mouche, celles qui ont un brunissement prononcé.. La pluie n’a pas été tendre cette année… Le responsable du moulin admire le contenu de nos bacs, et nous sommes fiers ! (nous qui sommes juste arrivés aujourd’hui pour donner 3 coups de râteau et remplir des cagettes…)
Visite du moulin et du chemin emprunté par nos olives : la souffleuse qui sépare les fruits des feuilles, la machine qui lave, le broyeur qui casse pulpe et noyaux, puis les cuves ou la pâte d’olive est triturée longuement, jusqu’à ce que l’huile remonte sur les bords.
La vraie couleur d’un fruité vert en cuve, c’est ce beau vert amande… Et ensuite, l’huile sort par un petit robinet, et je mets le doigt dessous. En bouche, il faut quelques secondes pour que la douceur soit emportée par l’ardence. L’huile deviendra plus douce avec le temps. J’ai même croqué dans une olive fraîche pour tenter l’expérience, mais l’amertume est trop présente. Et nous sommes repartis vers Cadenet : pendant ce temps, les râteaux ont travaillé, et les filets ont été tirés, les cagettes à nouveau remplies. Il faut repartir au moulin avant la nuit, et recommencer demain matin…
Maintenant, mon huile d’olive « Bastide du Laval » que je verse sur ma burrata avec une pincée de fleur de sel et un tour de poivre me semble du caviar. Je connais les efforts qu’elle nécessite, et elle aura maintenant le goût de cette journée…